Darwine by Colin Niel

Darwine by Colin Niel

Auteur:Colin Niel [Niel, Colin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier/Thriller, Littérature Française
Éditeur: Éditions du Rouergue
Publié: 2022-04-21T13:21:41+00:00


16

Lorsque Mathurine retrouve Darwyne, il est assis sur le banc de la petite salle d’attente, à côté de sa mère, sous un poster de sensibilisation : Papa, Maman, le langage c’est important. La femme se lève à l’arrivée de l’éducatrice, dit Bonjour, ongles assortis à ses savates à fourrure. Toujours cette impression d’une mère solide et responsable, la tête sur les épaules.

– On devrait en avoir pour une petite heure, je pense.

– D’accord.

– Vous allez attendre ici ?

– Non, madame. Je vais aller au marché, je peux ?

– Oui, bien sûr. C’est tout près, profitez-en. Je vous le garde au chaud.

Sourire en coin vers Darwyne, qui ne réagit pas.

– D’accord.

Elle empoigne son cabas, réajuste son sac à main. Mathurine hésite, dit :

– Vous savez, votre fils, il est étonnant. Il connaît plein de choses.

– Hum, fait la mère. Je sais.

Mais le compliment n’a pas l’air de la toucher tant que ça. Elle jette un regard à Darwyne, comme pour lui dire d’être sage, puis file à l’extérieur. Les laissant tous les deux dans la pièce, l’un assis l’autre debout.

– Tu viens ? On y va ?

Darwyne hoche la tête, se décolle du banc pour la suivre dans le bureau.

Une fois installé face à elle, sur la chaise visiteur, il balaye l’endroit du regard. La place inoccupée de la collègue, les ordinateurs, les affichettes placardées sur les murs. Et les souvenirs d’excursions de Mathurine. L’aisance qu’il arborait quelques jours plus tôt, arpentant la jungle en connaisseur, semble loin derrière lui. Il est à nouveau timide et renfrogné, dos voûté, mains serrées l’une dans l’autre. Incommodé par ces locaux froids et austères. Mathurine pense à la précédente évaluation, celle menée deux ans plus tôt par Éliane Brunel, cette assistante sociale qu’elle imagine sèche et austère. Devine :

– Tu es déjà venu ici ?

Il fait oui de la tête, lèvres closes.

– Ce n’est pas un bon souvenir, c’est ça ?

Il confirme. Elle sourit.

– Ça va bien se passer, tu vas voir. J’ai juste besoin que tu répondes à quelques questions, d’accord ? Pour m’assurer que tout va bien pour toi.

Léger froncement de sourcils, grimace discrète. Spontanément, il glisse :

– Madame, vous allez me mettre dans une autre famille ?

Comme l’a fait la mère lors de son premier entretien, se souvient l’éducatrice.

– Non, Darwyne. Pourquoi tu me demandes ça ? C’est ce que tu voudrais, toi ?

Il secoue la tête avec vigueur.

– Tu veux rester avec ta mère et ton beau-père ?

– Oui, il fait.

Un Oui qui paraît ne souffrir aucune discussion. Mathurine devine :

– Toi, tu l’aimes, ta maman. Tu l’aimes beaucoup, hein ?

Et alors l’enfant hoche le menton, lèvres rentrées yeux grands ouverts, soudain emplis de cet amour que Mathurine vient d’évoquer. Elle en a croisé des gosses, des dizaines, des centaines, mais rarement elle a vu un attachement filial d’une telle évidence. Comme s’il venait de s’emparer de tous les traits de son visage, qu’il en débordait, même, impossible à contenir. Et elle trouve ça infiniment touchant.

Elle s’empresse de le rassurer



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